Schéma d’un appareil Hargrave auquel a été ajouté deux ailerons, commenté par Lucien Frantzen dans le n°7 du 1er décembre 1913 du Bulletin mensuel intérieur de l’Union des Cerfs-Volantistes de France.
1. Météorologie
Les appareils cerfs-volants ont eu des rôles bien divers. Dans le domaine purement scientifique, ils ont été les auxiliaires précieux des météorologistes pour explorer l’atmosphère comme le font les « ballons-sondes », mais dans les périodes de vents, évidemment. Certes, ils n’ont jamais pu atteindre les hauteurs fantastiques de ces derniers (jusqu’à trente kilomètres), mais on a cependant réussi à les envoyer à plus de 7 000 mètres d’altitude; ce qui n’est déjà pas si mal. L’avantage des cerfs-volants sur les ballons est de pouvoir rapporter des renseignements immédiats relevés à l’aide d’instruments enregistreurs dans ces hautes régions atmosphériques du fait que l’on peut ramener ces appareils captifs à terre dès qu’on le veut, alors que les « ballons-sondes » s’éloignent souvent très loin de leur base et même se perdent parfois. Pour avoir quelque idée sur l’utile contribution du cerf-volant dans la météorologie, citons en passant ces quelques résultats :
- Aux États-Unis, à Blue-Hill, les cerfs-volants atteignent en 1900, 4 800 m
- En France, à Trappes, en janvier 1901, 5 250 m
- En Allemagne, à Lindenberg, le 20 novembre 1906, 6 250 m
- Aux Etats-Unis, au Mont Weather, en 1908, 7 000 m
À de telles altitudes, les cerfs-volants permirent de constater des vitesses de vent et des températures surprenantes. Par exemple, l’expérience de Lindenberg de 1906 qui débuta avec seulement 2 mètres de vent au sol révéla une vitesse de 20 mètres à la seconde à 6 000 mètres d’altitude - véritable vent de tempête. Quant à la température qui, au sol, accusait 15° au-dessus de zéro, elle descendit à moins 18 toujours aux environs de 6 000 mètres.
Les cerfs-volants les plus communément utilisés à l’époque dans la météorologie étaient du type Hargrave (un australien), appareil cellulaire. Quant aux filins de retenue, il va de soi qu’il ne s’agissait pas de ficelles, ni même de cordeaux, mais bien de solides fils ou de minuscules câbles d’acier de hautes résistances tout en restant suffisamment légers et d’une extrême souplesse.
En Fance, c’est le savant Teisserene de Bort qui prit l’initiative d’utiliser les cerfs-volants comme moyen de sondage de l’atmosphère. C’est lui qui créa de toutes pièces l’Observatoire de Trappes et fit les seules expériences sérieuses en France avec ce système volant.