2. Les cerfs-volants montés
Cerfs-volants montés, c’est-à-dire emportant un pilote dans une nacelle. Nous ne pouvons dans cet exposé succinct décrire tous les modèles d’appareils employés à cet effet; ils sont bien trop nombreux. Disons tout simplement qu’il existait deux types bien différents : appareils d’un seul plan et appareils cellulaires. Ce sont dans les clubs, les sociétés civiles, que figurèrent les modèles les plus nombreux. Les cerfs-volants militaires ne se révélèrent que dans la forme cellulaire et furent expérimentés dans deux groupements seulement. Mais tout de même, ils constituèrent deux systèmes différents : différents dans les appareils et le matériel ; différents dans la manœuvre. Deux éminents officiers en étaient les créateurs: le capitaine Madiot et le capitaine Saconney.
Les cerfs-volants montés du Capitaine Madiot à la 2ème Grande semaine de Reims. Du 3 au 10 juillet 1910. Le Capitaine dans sa nacelle se prépare à monter.
Les cerfs-volants montés du Capitaine Madiot à la 2ème Grande semaine de Reims. Du 3 au 10 juillet 1910. Cellules Hargrave dont l’un des appareils comporte des ailes.
Le système Madiot
Dans le système Madiot, les appareils étaient constitués de deux cellules rectangulaires montées en tandem et flanquées postérieurement de deux ailes triangulaires se développant de haut en bas du corps principal de l’appareil. Ses trains porteurs étaient formés d’un nombre d’unités assez important pouvant varier de six à dix, selon la force du vent. Le train remorqueur comprenait deux ou trois appareils identiques. Le système de suspension était constitué par une sorte de grosse poulie à mâchoire d’arrêt d’où partait un trapèze en corde, monté sur barre qui venait se raccorder directement aux suspentes de nacelle. Cette dernière était confectionnée en toile à voile tendue sur armature; c’était le type souple. Le procédé de lancement de ce train Madiot était tout à fait différent de celui du capitaine Saconney. Alors que ce dernier formait son train en cours de vol par envois en postillon de chaque appareil, Madiot lançait son train entier d’un seul coup après l’envol préalable du cerf-volant pilote. Le treuil du capitaine Madiot était des plus simples: c’était un unique tambour monté sur un caisson d’artillerie et actionné à la main - car dans son système ne figurait qu’un seul câble qui d’ailleurs n’était enroulé qu’après l’abattage au sol de tout le train.
Le système Saconney
Dans la combinaison Saconney, chaque élément de vol comprenait deux doubles cellules disposées en tandem; lesquelles étaient tendues et arrimées sur de solides bambous qui se trouvaient du même coup haubanés solidement. Le corps de cellules avant comportait latéralement, à la partie supérieure, deux ailes dièdres; à la partie inférieure, deux ailerons. Le corps arrière possédait, disposés de la même façon, quatre ailerons identiques. Une bride réglable complétait le cerf-volant.
Suspension du Système Saconney - Vue détaillée.
La nacelle était reliée à cette suspension par un ensemble de cordes cabillotées de part et d’autre. Indépendamment du câble principal, c’est-à-dire du câble de portée, la nacelle était reliée au treuil par un deuxième câble qui permettait de la ramener au sol sans toucher au câble porteur. Automatiquement, cette nacelle se bloquait sur ce câble par son propre poids et, inversement, se trouvait libérée lorsque entrait en action le train remorqueur. Sous l’effet du vent, la traction exercée sur le système faisait s’entrouvrir les mâchoires et glisser les galets sur le câble.
Le capitaine Saconney en vol. La photographie, légèrement aggrandie, permet d’observer comment la nacelle, en osier, est reliée à la suspension.
Après le lancement de l’appareil de tête dit “pilote”, un train porteur, appelé aussi train principal, pouvant se composer de quatre à sept appareils, qui faisaient 11m2 de surface chacun, était envoyé en postillons et grâce à une pièce à œil dénommée “courrier” et qui venait buter sur une olive correspondante, les appareils prenaient leur place respective et se dressaient aussitôt dans le vent. Un deuxième train dit “train remorqueur” et qui pouvait varier de un à trois éléments, toujours de 11 m2 de surface chacun, était relié à la nacelle par une suspension métallique qui comprenait une sorte de trolley constitué de deux poulies en bronze qui étaient disposées à chaque extrémité d’une mâchoire également en bronze mais garnie de fibres.
L’ensemble de la combinaison du Système Saconney en vol : train pilote, train porteur (ici 4 éléments) et train remorqueur (ici 3 éléments) puis, la nacelle. Entre le train remorqueur et la nacelle, le drapeau national.
Dans la combinaison Saconney, chaque élément de vol comprenait deux doubles cellules disposées en tandem; lesquelles étaient tendues et arrimées sur de solides bambous qui se trouvaient du même coup haubanés solidement. Le corps de cellules avant comportait latéralement, à la partie supérieure, deux ailes dièdres; à la partie inférieure, deux ailerons. Le corps arrière possédait, disposés de la même façon, quatre ailerons identiques. Une bride réglable complétait le cerf-volant.
Suspension du Système Saconney - Vue détaillée.
Le treuil était une puissante voiture automobile qui portait deux tambours puisque figuraient deux câbles ; c’était le propre moteur de la voiture qui se branchait sur les treuils et actionnait les tambours.
Détails d’un treuil automobile de cerfs-volants. Photographie prise au Centre de la Ménagerie (Versailles) durant l’été 1914, juste avant la déclaration de guerre.
Le plus grand des 2 treuils existant à l’été 1914, à La Ménagerie.
Ancien treuil à main ayant fait partie du matériel de cerf-volant du Capitaine Saconney. 1910